J’ai lu l’an dernier…

Adrien Foucart | 03 Mar 2015
2xRien - un blog

Et si on parlait un peu de culture, dans ce monde de brutes ?

J’adore lire. Avant, du temps ousque j’avais le temps, je pouvais y passer après-midi et soirées, peut-être même encore plus que devant l’ordinateur (et puis l’ordinateur il fallait le partager). Maintenant, je me réserve encore mon trajet en train pour aller et revenir du boulot. À raison de deux fois vingt minutes tous les jours, on peut quand même pas mal avancer.

J’aimerais un peu profiter de cette technologie merveilleuse que d’aucuns appellent “Internet” pour partager certaines de ces lectures. Conseiller des bons livres, et lire les conseils des autres, c’est toujours un bon moyen de découvrir de nouvelles choses.

Pour ouvrir le sujet, avant d’essayer d’en faire un truc régulier (“ce que j’ai lu récemment qui est cool”), je me suis penché sur les livres que j’ai découvert l’an dernier. Grâce au fait que je lis maintenant quasiment exclusivement sur Kindle, c’est assez facile de se refaire une liste. Voici donc en exclusivité mondiale mon “Top 10 des livres que j’ai lu en 2014”. Le classement est purement subjectif, et si je tentais de refaire l’exercice dans une semaine je ne serais probablement pas d’accord avec moi-même sur l’ordre obtenu, ou sur les livres sélectionnés.


The Martian (Andy Weir)

  1. The Martian (Andy Weir, 2011)
    • En bref : des astronautes sont en mission sur Mars. Une tempête les force à évacuer. Un homme reste derrière, laissé pour mort par les autres. Seul sur la planète, il doit réussir à survivre, à communiquer à la Terre qu’il est bien vivant… et avec eux trouver une solution pour se sortir de là.
    • Les + / Les – : une passionnante variation sur le thème du “naufragé sur une île déserte”. Plein de suspense, drôle, même relativement scientifiquement plausible. Ce n’est pas un livre qui va révolutionner la littérature, il n’y a pas de hautes considérations philosophiques, mais c’est un livre qu’on ne repose pas une fois qu’on l’a ouvert.
    • L’auteur : The Martian est le premier roman d’Andy Weir. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un début réussi. Publié d’abord gratuitement sur son site, puis en format Kindle, puis finalement sur papier, c’est maintenant un best-seller bientôt adapté au cinéma par Ridley Scott, avec Matt Damon dans le rôle principal.
  2. The Guns of August: The Outbreak of World War I (Barbara W. Tuchman, 1962)
    • En bref : essai historique retraçant les quelques mois qui ont précédé la première guerre mondiale, ainsi que les premiers mois de celle-ci, jusqu’à ce qu’elle s’enlise dans une guerre de position qui durera pendant quatre ans.
    • Les + / Les – : ce n’est pas de la fiction, mais ça se lit comme un roman. On suit les tractations diplomatiques, le jeu des alliances, les erreurs stratégiques et politiques, qui ont conduit les pays européens à la ruine, et qui ont fait chuter les empires… On suit aussi les premiers moments de la guerre, quand tout le monde est persuadé que la victoire est proche, quand tous les généraux voient leurs grandes stratégies s’effondrer face aux nouvelles réalités de la guerre dans ce monde moderne. On dit du bien des belges, aussi.
    • L’auteur : Barbara Tuchman, historienne. Elle écrit “The Guns of August” en 1962, et enchaînera avec d’autres essais aux sujets tout aussi guerriers. Elle est décédée en 1989.
  3. Jesus Land: A Memoir (Julia Scheeres, 2005)
    • En bref : auto-biographie de Julia Scheeres qui, adolescente, a été envoyée par ses parents ultra-religieux dans une école de redressement en République Dominicaine avec son frère adoptif, David.
    • Les + / Les – : ce livre met en avant avec une brutale honnêteté la réalité des “écoles de redressement chrétiennes”, dans lesquelles les parents peuvent envoyer leurs enfants “turbulents” pour leur apprendre la discipline et les ramener dans le droit chemin. Spoiler : ça ne marche pas des masses, et ce n’est pas extrêmement bénéfique pour les enfants en question. C’est parfois rude à lire, et ce n’est pas le livre pour se mettre de bonne humeur le matin.
    • L’auteur : Jesus Land est son premier livre. Elle a depuis écrit un essai sur le camp de Jonestown, un village/secte en Guyane dont le chef, Jim Jones, a massacré tous les résidents.
  4. The Ocean at the End of the Lane (Neil Gaiman, 2013)
    • En bref : un conte fantastique dans lequel un homme, de passage dans son village natal, redécouvre son passé et replonge dans des évènements surnaturels.
    • Les + / Les – : on se laisse facilement emporter dans cette histoire bien ficelée, aux personnages parfois un peu trop caricaturaux (mais on dira que c’est fait exprès). Adeptes du réalisme s’abstenir…
    • L’auteur : Neil Gaiman est un auteur à succès de romans, nouvelles et comics, toujours dans le domaine du fantastique et/ou de l’horreur.
  5. Edge of Eternity (Ken Follett, 2014)
    • En bref : troisième volet de la trilogie “Siècle”, Edge of Eternity retrace, à travers la vie de quelques familles, les grands événements en Europe, en Russie et en Amérique depuis la construction jusqu’à la chute du Mur de Berlin.
    • Les + / Les – : du pur Ken Follett. L’intrigue est bien construite, l’action tient bien la route, c’est historiquement bien recherché, et on ne ressent pas du tout la longueur du bouquin. Mais comme souvent avec lui, c’est fort prévisible (et pas seulement parce que c’est historique) et les personnages sont souvent fort caricaturaux.
    • L’auteur : Ken Follet est vaguement connu, parait-il. D’abord par ses romans d’espionnage, puis par “Les Piliers de la terre” et sa suite “Un monde sans fin”.
  6. Les Bienveillantes (Jonathan Littell, 2006)
    • En bref : mémoires fictives d’un officier SS durant la seconde guerre mondiale.
    • Les + / Les – : comment en arrive-t-on à devenir un officier SS, et à participer à l’élimination massive de populations civiles ? Par quel processus mental arrive-t-on à rationaliser sa participation à la Shoah ? Le narrateur n’est pas un nazi convaincu, mais il se retrouve progressivement à coordonner des actions de meurtre de masse. Le livre est dérangeant. On est tiraillé entre la tendance naturelle à essayer de s’identifier au narrateur, et la répulsion face à ses actions et ses cheminements mentaux. Le roman de Jonathan Littell propose un voyage peu ragoûtant à travers la vie d’un SS. Parfois on est plongé dans le livre. Parfois on a envie de le jeter à la poubelle. On ne reste en tout cas pas indifférent.
    • L’auteur : Prix Goncourt 2006 avec Les Bienveillantes, Littell a d’abord écrit un roman de science-fiction en anglais (Bad Voltage) avant de passer à la langue de Voltaire, avec nettement plus de succès.
  7. The Road (Cormac McCarthy, 2006)
    • En bref : un homme et son fils marchent sur une route dans un monde post-apocalyptique, à la recherche d’un endroit sûr. Ils doivent survivre, et tenter de garder leur humanité, dans un monde où le chacun pour soi est devenu la norme, où le vol, la violence, le cannibalisme sont devenus la loi.
    • Les + / Les – : le roman laisse de côté toutes les questions sur comment et pourquoi on en est arrivé là, sur ce qui a ravagé le monde, et reste toujours centré uniquement sur les deux personnages principaux. On suit leur combat, pour rester eux-mêmes et pour survivre. C’est difficile de ne pas accrocher. On reste tout le temps dans le flou de l’action : un choix qui nous rend plus proche des personnages, mais qui laisse parfois un peu sur sa faim si on aime bien avoir de temps en temps une vision plus large de ce qu’il se passe.
    • L’auteur : Cormac McCarthy est un écrivain et scénariste américain, qui collectionne les récompenses diverses, et a déjà pu adapter pas mal de ses oeuvres au cinéma, notamment The Road (par John Hillcoat avec Viggo Mortensen) et No Country for Old Men (par les frères Coen avec Tommy Lee Jones, Josh Brolin et Javier Bardem).
  8. Une journée d’Ivan Denissovitch (Alexandre Soljénitsyne, 1962)
    • En bref : le titre est assez juste. Il s’agit bien d’une journée d’Ivan Denissovitch. Plus particulièrement, une journée passée dans un Goulag.
    • Les + / Les – : ce livre a eu une portée historique non négligeable, en révélant au monde la réalité déprimante des Goulags de Staline. Une tranche de vie assez particulière, et une fenêtre intéressante sur le passé.
    • L’auteur : Soljénitsyne a lui-même connu le Goulag, pour avoir critiqué Staline (qui semble-t-il n’aimait pas beaucoup ça) juste après la seconde guerre mondiale. Depuis, il a écrit, sur son expérience et sur la vie en Russie soviétique. Il obtient le Prix Nobel de littérature en 1970.
  9. Dora Bruder (Patrick Modiano, 1997)
    • En bref : Patrick Modiano part à la recherche de Dora Bruder, juive disparue en 1941. À partir d’un avis de recherche dans un vieux journal, il tente de retracer ce qu’a pu être la vie et l’expérience de Dora Bruder sous l’occupation, à travers les quelques traces écrites jusqu’à sa déportation à Auschwitz en 1942.
    • Les + / Les – : un exercice intéressant d’enquête à plus de cinquante ans d’écarts. Les parallèles avec la jeunesse de l’auteur rendent l’histoire plus personnelle, mais sont parfois un peu distrayants.
    • L’auteur : Patrick Modiano a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2014. Il parle surtout de l’Occupation et de la mémoire.
  10. No Country for Old Men (Cormac McCarthy, 2005)
    • En bref : à la frontière USA-Mexique, où les cartels de drogue créent un climat de violence, un Sheriff enquête sur un deal qui a tourné au drame. Autour de ça, un vétéran du Vietnam et un tueur à gage sont engagés dans une poursuite sans relâche autour d’une valise remplie d’argent.
    • Les + / Les – : la narration est parfois un peu confuse, mais on ne s’ennuie pas, et le trio de personnage offre une traque passionnante dans un décor tout à fait adapté à une traque passionnante.
    • L’auteur : toujours Cormac McCarthy. Il n’a pas changé depuis toute à l’heure.

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