Droit de grève et récupération politique

Adrien Foucart | 27 Oct 2015
2xRien - un blog

Charles Michel et le MR veulent instaurer le “droit au travail”. Kris Peeters et le CD&V pensent qu’il faut moderniser le droit de grève, tandis que la N-VA veut proposer une loi donnant une personnalité juridique aux syndicats. Tout cela est certainement le fruit d’une juste colère face au malheureux décès d’une touriste danoise, et pas du tout une récupération politique cynique visant à fragiliser les syndicats…

Il est vrai que la législation autour du droit de grève est presque inexistante, et repose principalement sur la jurisprudence. Poser un cadre juridique plus clair est un objectif valable. Poser ce cadre maintenant, en vitesse, ressemble plutôt à une punition envers les syndicats. Le sujet est épineux, et mérite mieux que des mesures irréfléchies qui ne feraient que jeter de l’huile sur le feu.

Si des actes illégaux ont été commis durant le mouvement de grève, ils ont été commis par des individus. Faut-il juger ces individus ? Pourquoi pas. Rendre le syndicat en lui-même responsable juridiquement des actions de chacun des grévistes, par contre, rendrait tout simplement impossible la tenue de grèves dans le futur. Aucun syndicat ne pourra jamais garantir l’absence de débordements lors de leurs actions.

La majorité gouvernementale semble vouloir réduire la grève à un acte de protestation symbolique, qu’ils pourront ignorer comme ils ignorent les manifestations de masse. Une grève, pour eux, ne devrait pas avoir d’impact sur le citoyen. Les trains devraient continuer à rouler, chacun devrait pouvoir joindre son lieu de travail, le trafic ne devrait pas être perturbé, les patrons et actionnaires ne devraient pas voir leurs revenus diminuer. Le droit de grève, oui, à condition que cette grève soit invisible.

Ce mépris du gouvernement envers les syndicats et, de manière générale, envers les citoyens qui protestent contre leurs mesures, est inquiétant. Bien sûr, ce gouvernement a été démocratiquement élu. Cela n’a jamais constitué, en Belgique, un passe-droit pour faire tout ce qu’il veut. La concertation sociale fait partie du jeu démocratique. Lorsque celle-ci n’a pas lieu ou est complètement ignorée, le droit de grève fait alors aussi partie du jeu démocratique. S’attaquer à ce droit est un jeu dangereux. C’est un signal de plus que le gouvernement n’est pas prêt à entendre les syndicats. Ce qui ne peut qu’entraîner des grèves supplémentaires, avec les débordements probables et inévitables que cela implique.

Si ce post vous fait réagir, vous pouvez contacter l'auteur (moi) par mail: adrien@adfoucart.be