2022 sur le blog

J’ai publié nettement plus régulièrement en 2022 sur ce blog (et sur mon blog de recherche) que les quelques années précédentes. Voici un bref retour sur ce dont j’ai parlé cette année :

Come-back et Big Data : où j’examine pourquoi les “modèles prédictifs” dans le sport ne sont pas vraiment “prédictifs”, à l’aide de Rafael Nadal et Sergio Perez.

Dr. Elisabeth Bik, manipulations d’image, et controverses scientifiques : où je parle de l’excellent travail du Dr Bik dans la lutte contre la fraude scientifique.

Stop à la blockchain : où j’explique pourquoi, vraiment, il est temps d’accepter que la “blockchain”, ça ne sert à rien.

Bitcoin et médias: La Libre Belgique et bit4you : où j’observe l’inquiétant flou entre contenu publicitaire et contenu journalistique dans la couverture médiatique des cryptomonnaies dans La Libre Belgique.

Ma thèse en 180 secondes : où l’on peut retrouver la vidéo et le texte de mon passage dans le concours “Ma thèse en 180 secondes” en 2021.

Suite: La Libre Belgique et bit4you : où je revient sur la réponse de La Libre Belgique à ma plainte au Conseil de Déontologie Journalistique par rapport à leur couverture des cryptomonnaies.

La France à droite, bien à droite : où je tente d’analyser si la gauche se plante en France aux élections parce qu’ils sont “dispersés” dans leurs candidatures, où juste parce qu’il n’y a pas d’électorat de gauche.

La carte et la variole : où je montre pourquoi une carte sur la variole du singe qui circulait dans les tabloïds et les réseaux sociaux à l’époque où on en avait quelque chose à faire de la variole du singe était trompeuse.

L’affaire Julius Pringles : où je m’intéresse enfin à une vraie controverse, l’origine du nom de la mascotte de Pringles.

CYDAC – l’analyse d’image dans les années 60 : où je regarde comment on faisait de l’analyse d’image dans les années 60 en utilisant l’exemple de CYDAC, d’où le titre.

ChatGPT: quand Le Soir part en vrille : où je suis un poil irrité par un article du journal Le Soir qui manque un peu de discernement face au “phénomène” de ChatGPT.

Des livres à lire, suite…

Comme la dernière fois, mon “top des livres que j’ai lu récemment”.

emmanuel-carrere
Emmanuel Carrère

  1. Emmanuel Carrère
    Emmanuel Carrère est ma découverte de l’année, et je pourrais remplir ma liste avec tous les récits et romans que j’ai lu de lui, mais je vais tous les rassembler en un. Récits mêlant auto-biographie et journalisme d’investigation, il donne vie à des personnages tordus, paumés, malsains. Il fait pire : il essaie de rentrer dans leur tête, de nous mettre à leur place.

    • Le Royaume nous lance sur la piste de Saint Luc et de Saint Paul, et cherche à deviner les motivations et les pensées des pionniers du christianisme.
    • L’Adversaire retrace la vie et les mensonges de Jean-Claude Romand, qui pendant 20 ans a fait croire à sa femme, ses enfants, sa famille et ses amis qu’il était un médecin travaillant à l’OMS, alors qu’il avait raté ses études et ne travaillait pas. Lorsque son mensonge a commencé à s’effriter, il a tué sa femme et ses enfants, et a tenté de se suicider.
    • Limonov nous entraîne sur les pas de Edouard Limonov, qui fut poète dissident sous le régime soviétique, clochard à New York, écrivain à Paris, combattant dans les Balkans, et finalement fondateur à Moscou du Parti National-Bolchévique, interdit par Poutine.
    • Un roman russe est un récit auto-biographique sur un reportage qu’il est allé faire dans un bled paumé en Sibérie, mêlé à ses problèmes de couple et à sa relation avec sa mère.
    • La Moustache, contrairement aux livres précédents, n’est pas un récit à la première personne, mais un roman plus traditionnel, sur un homme qui se rase la moustache qu’il avait toujours porté jusque là. Mais personne ne semble le remarquer. Est-il fou ? Sont-ils fou ? Est-ce une blague élaborée ? L’histoire est une descente superbement exécutée dans la folie et le mensonge.
  2. 1491 : New Revelations of the Americas (Charles C. Mann)
    À quoi ressemblait vraiment le continent américain avant l’arrivée des européens ? Pendant des années, les historiens ont minimisé l’importance des civilisations pré-colombiennes. Charles Mann fait le point sur les recherches archéologiques plus récentes, qui montrent que les peuples américains étaient plus diversifiés, plus complexes et plus nombreux qu’on ne les représente généralement. Les premiers explorateurs faisaient état de successions de villages le long des fleuves, de grandes zones de populations. Lorsque les premiers colons sont arrivés, ils ont trouvé un monde de nomade, un monde dépeuplé par l’épidémie de variole.
  3. Old Man’s War (John Scalzi)
    Un excellent récit de science-fiction, par un excellent auteur. En quelques mots : il y a la Terre et les Colonies. La Terre est en quarantaine, les Colonies sont toutes contrôlées par une toute-puissante autorité coloniale. Les terriens ont la possibilité, lorsqu’ils atteignent l’âge de 60 ans, de rejoindre l’armée coloniale pour un service de dix ans, après quoi ils peuvent s’installer sur une des colonies. Beaucoup de terriens le font, parce qu’ils imaginent que l’armée coloniale dispose d’une technologie leur permettant de retrouver leur jeunesse. Sinon, pourquoi prendraient-ils des vieux pour leur armée ?
  4. Candide ou l’Optimisme (Voltaire)
    Parfois, on peut s’attaquer aux très vieux classiques, et on est agréablement surpris. Candide est une réflexion ironique sur la nature humaine, et le texte donne toujours l’impression d’être d’actualité. Oui, c’est un peu dur de découvrir Candide à 27 ans en 2015, mais je ne devais pas faire attention en cours de Français quand on l’a vu…
  5. Banished: Surviving My Years in the Westboro Baptist Church (Lauren Drain)
    La Westboro Baptist Church, c’est l’église aux Etats-Unis qui s’est fait connaître par ses manifestations anti-gays controversée, et son slogan “God Hates Fags”. Ils font régulièrement des manifestations aux abords des funérailles de soldats américains, pour exprimer leur opinion que Dieu fait mourir les soldats américains pour punir l’Amérique de sa tolérance vis-à-vis des homosexuels. Toute l’église est organisée autour de la famille Phelps, et toute dissidence est traitée par un ostracisme absolu. Lauren Drain et sa famille ont rejoint le groupe lorsqu’elle était adolescente. Elle a finit par en sortir, et raconte son expérience.

J’ai lu l’an dernier…

Et si on parlait un peu de culture, dans ce monde de brutes ?

J’adore lire. Avant, du temps ousque j’avais le temps, je pouvais y passer après-midi et soirées, peut-être même encore plus que devant l’ordinateur (et puis l’ordinateur il fallait le partager). Maintenant, je me réserve encore mon trajet en train pour aller et revenir du boulot. À raison de deux fois vingt minutes tous les jours, on peut quand même pas mal avancer.

J’aimerais un peu profiter de cette technologie merveilleuse que d’aucuns appellent “Internet” pour partager certaines de ces lectures. Conseiller des bons livres, et lire les conseils des autres, c’est toujours un bon moyen de découvrir de nouvelles choses.

Pour ouvrir le sujet, avant d’essayer d’en faire un truc régulier (“ce que j’ai lu récemment qui est cool”), je me suis penché sur les livres que j’ai découvert l’an dernier. Grâce au fait que je lis maintenant quasiment exclusivement sur Kindle, c’est assez facile de se refaire une liste. Voici donc en exclusivité mondiale mon “Top 10 des livres que j’ai lu en 2014”. Le classement est purement subjectif, et si je tentais de refaire l’exercice dans une semaine je ne serais probablement pas d’accord avec moi-même sur l’ordre obtenu, ou sur les livres sélectionnés.

The_Martian_2014
The Martian (Andy Weir)

  1. The Martian (Andy Weir, 2011)
    • En bref : des astronautes sont en mission sur Mars. Une tempête les force à évacuer. Un homme reste derrière, laissé pour mort par les autres. Seul sur la planète, il doit réussir à survivre, à communiquer à la Terre qu’il est bien vivant… et avec eux trouver une solution pour se sortir de là.
    • Les + / Les – : une passionnante variation sur le thème du “naufragé sur une île déserte”. Plein de suspense, drôle, même relativement scientifiquement plausible. Ce n’est pas un livre qui va révolutionner la littérature, il n’y a pas de hautes considérations philosophiques, mais c’est un livre qu’on ne repose pas une fois qu’on l’a ouvert.
    • L’auteur : The Martian est le premier roman d’Andy Weir. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un début réussi. Publié d’abord gratuitement sur son site, puis en format Kindle, puis finalement sur papier, c’est maintenant un best-seller bientôt adapté au cinéma par Ridley Scott, avec Matt Damon dans le rôle principal.
  2. The Guns of August: The Outbreak of World War I (Barbara W. Tuchman, 1962)
    • En bref : essai historique retraçant les quelques mois qui ont précédé la première guerre mondiale, ainsi que les premiers mois de celle-ci, jusqu’à ce qu’elle s’enlise dans une guerre de position qui durera pendant quatre ans.
    • Les + / Les – : ce n’est pas de la fiction, mais ça se lit comme un roman. On suit les tractations diplomatiques, le jeu des alliances, les erreurs stratégiques et politiques, qui ont conduit les pays européens à la ruine, et qui ont fait chuter les empires… On suit aussi les premiers moments de la guerre, quand tout le monde est persuadé que la victoire est proche, quand tous les généraux voient leurs grandes stratégies s’effondrer face aux nouvelles réalités de la guerre dans ce monde moderne. On dit du bien des belges, aussi.
    • L’auteur : Barbara Tuchman, historienne. Elle écrit “The Guns of August” en 1962, et enchaînera avec d’autres essais aux sujets tout aussi guerriers. Elle est décédée en 1989.
  3. Jesus Land: A Memoir (Julia Scheeres, 2005)
    • En bref : auto-biographie de Julia Scheeres qui, adolescente, a été envoyée par ses parents ultra-religieux dans une école de redressement en République Dominicaine avec son frère adoptif, David.
    • Les + / Les – : ce livre met en avant avec une brutale honnêteté la réalité des “écoles de redressement chrétiennes”, dans lesquelles les parents peuvent envoyer leurs enfants “turbulents” pour leur apprendre la discipline et les ramener dans le droit chemin. Spoiler : ça ne marche pas des masses, et ce n’est pas extrêmement bénéfique pour les enfants en question. C’est parfois rude à lire, et ce n’est pas le livre pour se mettre de bonne humeur le matin.
    • L’auteur : Jesus Land est son premier livre. Elle a depuis écrit un essai sur le camp de Jonestown, un village/secte en Guyane dont le chef, Jim Jones, a massacré tous les résidents.
  4. The Ocean at the End of the Lane (Neil Gaiman, 2013)
    • En bref : un conte fantastique dans lequel un homme, de passage dans son village natal, redécouvre son passé et replonge dans des évènements surnaturels.
    • Les + / Les – : on se laisse facilement emporter dans cette histoire bien ficelée, aux personnages parfois un peu trop caricaturaux (mais on dira que c’est fait exprès). Adeptes du réalisme s’abstenir…
    • L’auteur : Neil Gaiman est un auteur à succès de romans, nouvelles et comics, toujours dans le domaine du fantastique et/ou de l’horreur.
  5. Edge of Eternity (Ken Follett, 2014)
    • En bref : troisième volet de la trilogie “Siècle”, Edge of Eternity retrace, à travers la vie de quelques familles, les grands événements en Europe, en Russie et en Amérique depuis la construction jusqu’à la chute du Mur de Berlin.
    • Les + / Les – : du pur Ken Follett. L’intrigue est bien construite, l’action tient bien la route, c’est historiquement bien recherché, et on ne ressent pas du tout la longueur du bouquin. Mais comme souvent avec lui, c’est fort prévisible (et pas seulement parce que c’est historique) et les personnages sont souvent fort caricaturaux.
    • L’auteur : Ken Follet est vaguement connu, parait-il. D’abord par ses romans d’espionnage, puis par “Les Piliers de la terre” et sa suite “Un monde sans fin”.
  6. Les Bienveillantes (Jonathan Littell, 2006)
    • En bref : mémoires fictives d’un officier SS durant la seconde guerre mondiale.
    • Les + / Les – : comment en arrive-t-on à devenir un officier SS, et à participer à l’élimination massive de populations civiles ? Par quel processus mental arrive-t-on à rationaliser sa participation à la Shoah ? Le narrateur n’est pas un nazi convaincu, mais il se retrouve progressivement à coordonner des actions de meurtre de masse. Le livre est dérangeant. On est tiraillé entre la tendance naturelle à essayer de s’identifier au narrateur, et la répulsion face à ses actions et ses cheminements mentaux. Le roman de Jonathan Littell propose un voyage peu ragoûtant à travers la vie d’un SS. Parfois on est plongé dans le livre. Parfois on a envie de le jeter à la poubelle. On ne reste en tout cas pas indifférent.
    • L’auteur : Prix Goncourt 2006 avec Les Bienveillantes, Littell a d’abord écrit un roman de science-fiction en anglais (Bad Voltage) avant de passer à la langue de Voltaire, avec nettement plus de succès.
  7. The Road (Cormac McCarthy, 2006)
    • En bref : un homme et son fils marchent sur une route dans un monde post-apocalyptique, à la recherche d’un endroit sûr. Ils doivent survivre, et tenter de garder leur humanité, dans un monde où le chacun pour soi est devenu la norme, où le vol, la violence, le cannibalisme sont devenus la loi.
    • Les + / Les – : le roman laisse de côté toutes les questions sur comment et pourquoi on en est arrivé là, sur ce qui a ravagé le monde, et reste toujours centré uniquement sur les deux personnages principaux. On suit leur combat, pour rester eux-mêmes et pour survivre. C’est difficile de ne pas accrocher. On reste tout le temps dans le flou de l’action : un choix qui nous rend plus proche des personnages, mais qui laisse parfois un peu sur sa faim si on aime bien avoir de temps en temps une vision plus large de ce qu’il se passe.
    • L’auteur : Cormac McCarthy est un écrivain et scénariste américain, qui collectionne les récompenses diverses, et a déjà pu adapter pas mal de ses oeuvres au cinéma, notamment The Road (par John Hillcoat avec Viggo Mortensen) et No Country for Old Men (par les frères Coen avec Tommy Lee Jones, Josh Brolin et Javier Bardem).
  8. Une journée d’Ivan Denissovitch (Alexandre Soljénitsyne, 1962)
    • En bref : le titre est assez juste. Il s’agit bien d’une journée d’Ivan Denissovitch. Plus particulièrement, une journée passée dans un Goulag.
    • Les + / Les – : ce livre a eu une portée historique non négligeable, en révélant au monde la réalité déprimante des Goulags de Staline. Une tranche de vie assez particulière, et une fenêtre intéressante sur le passé.
    • L’auteur : Soljénitsyne a lui-même connu le Goulag, pour avoir critiqué Staline (qui semble-t-il n’aimait pas beaucoup ça) juste après la seconde guerre mondiale. Depuis, il a écrit, sur son expérience et sur la vie en Russie soviétique. Il obtient le Prix Nobel de littérature en 1970.
  9. Dora Bruder (Patrick Modiano, 1997)
    • En bref : Patrick Modiano part à la recherche de Dora Bruder, juive disparue en 1941. À partir d’un avis de recherche dans un vieux journal, il tente de retracer ce qu’a pu être la vie et l’expérience de Dora Bruder sous l’occupation, à travers les quelques traces écrites jusqu’à sa déportation à Auschwitz en 1942.
    • Les + / Les – : un exercice intéressant d’enquête à plus de cinquante ans d’écarts. Les parallèles avec la jeunesse de l’auteur rendent l’histoire plus personnelle, mais sont parfois un peu distrayants.
    • L’auteur : Patrick Modiano a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2014. Il parle surtout de l’Occupation et de la mémoire.
  10. No Country for Old Men (Cormac McCarthy, 2005)
    • En bref : à la frontière USA-Mexique, où les cartels de drogue créent un climat de violence, un Sheriff enquête sur un deal qui a tourné au drame. Autour de ça, un vétéran du Vietnam et un tueur à gage sont engagés dans une poursuite sans relâche autour d’une valise remplie d’argent.
    • Les + / Les – : la narration est parfois un peu confuse, mais on ne s’ennuie pas, et le trio de personnage offre une traque passionnante dans un décor tout à fait adapté à une traque passionnante.
    • L’auteur : toujours Cormac McCarthy. Il n’a pas changé depuis toute à l’heure.