C’est un complot (ou pas) ! Partie 2 : La Logique Contre-Attaque

Je pensais à la base faire un petit article sur les théories du complot. Je me suis quelque peu embourbé dans le sujet, et le mur de texte a commencé a s’allonger. Je l’ai donc divisé en trois parties. Lire la partie 1 : un Nouvel Ordre Mondial. Suite et fin dans la partie 3 : “Le Retour du Pognon”. L’aventure continue !

Le décor est planté, le voile est levé : le monde est dirigé par une cabale secrète et mal intentionnée. Mais qui sont-ils et que font-ils de leurs maléfiques journée ? De quoi discutent-ils dans leur repaire secret ? Notre héros ne fait que commencer sa découverte. Il est maintenant entré dans la résistance, et il ne perd pas de temps pour compléter son entraînement en apprenant tout ce qu’il peut sur ses terrifiants ennemis…

Si la plupart des théories du complot s’accordent sur l’idée générale du pouvoir secret, les spécificités varient fortement en fonction des biais particuliers du conspirationniste. Pour ceux qui y arrivent via l’aile droite du spectre politique, ce sont souvent les gouvernements, les structures internationales comme l’ONU, et/ou les juifs. Pour ceux qui viennent de la gauche, ce sont plutôt les multinationales privées, les sociétés pharmaceutiques ou agricoles. Petit tour d’horizon…

Un gouvernement des gouvernements

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En vente dans toutes les bonnescertaines librairies. (Glenn Beck)

Quand il s’agit de trouver un suspect privilégié pour un “gouvernement mondial”, l’ONU est a priori un bon candidat. Évidemment, le côté secret laisse un peu à désirer, mais est-ce vraiment difficile de croire que, derrière la façade de légitimité (et d’incapacité à atteindre quelque résultat que ce soit), on trouve des réunions privées dans lesquelles se prennent les vraies décisions ? La peur de voir l’ONU transformer ses casques bleus en force d’oppression mondiale se retrouve particulièrement chez les conspirationnistes américains, Alex Jones et Glenn Beck en tête. L’objectif : convaincre les gouvernements nationaux de céder leur souveraineté à l’autorité internationale. Les moyens mis en oeuvre : des troubles qui nécessitent l’intervention de forces armées et, depuis quelques années maintenant, le “prétendu” réchauffement climatique. Quel rapport ? Laissez-moi vous présenter le terrifiant Agenda 21, un plan d’action adopté par 178 chefs d’états et qui se déclinent en… recommandations pour le développement durable. Pas encore terrifié ? Peut-être que cette vidéo de Glenn Beck (en anglais) expliquant le plan “diabolique” vous aidera (vous pouvez aussi, bien entendu, acheter son livre “Agenda 21”. La vérité ne s’obtient pas sans ouvrir un peu son portefeuille.)

Le contrôle des foules

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Une vision clairement terrifiante. (source : Le Monde)

Mais comment, vous demandez-vous, les gouvernements vont-ils faire en sorte que la population reste calme et accepte sans broncher leur triste sort d’esclave ? Le plan est déjà en cours. Vous vous souvenez de l’avion de l’épisode précédent ? C’est ici qu’il refait son apparition. Car ce ne sont pas d’innocentes traînées de condensation (ou “contrails”), mais peut-être bien des “chemtrails”. Les “chemical trails”, ou traînées chimiques, sont des produits dispersés dans l’atmosphère par les avions de ligne et/ou des avions militaires. Bien sûr, on pourrait s’attendre à ce qu’une telle entreprise, qui implique la complicité des compagnies aériennes, des pilotes, de tous les employés d’aéroport qui chargent les avions (et donc a priori aussi les produits chimiques, ou qui au moins doivent les voir), soit difficile à réaliser sans que tout le monde soit au courant. Ce qui n’est qu’une autre preuve de l’ampleur du pouvoir dont “ils” disposent ! Quel est l’objectif de ces chemtrails ? Rendre la population plus dociles, via l’équivalent d’une dose globale de Prozac.

Si l’utilisation des chemtrails est relativement récente, le contrôle de la population par des produits chimiques n’est pas une idée neuve. Déjà dans les années cinquante, des citoyens concernés dénonçaient la fluoration de l’eau potable comme n’étant pas du tout une mesure d’hygiène, mais un moyen d’abêtissement de la population créé par les Nazis et IG Farben (et aussi peut-être les communistes).

Les malad(i)es imaginaires

Un homme vêtu de blanc s’approche en souriant, une seringue à la min. Il se veut rassurant. C’est un simple vaccin, une procédure de routine. C’est pour notre bien. Mais l’est-ce vraiment (spoiler : non) ?

C’est Andrew Wakefield qui publie en 1998 une étude qui va mettre le feu aux poudres. Il existe, dit-il, un lien de causalité entre le vaccin rougeole-rubéole-oreillons et l’autisme. Ces vaccins provoquent aussi une autre maladie, une inflammation des intestins. Pourquoi, dès lors, les gouvernements poussent-ils tant à la vaccination ? Que sont tous ces additifs qui y sont rajoutés ? Saviez-vous qu’on trouvait même du mercure dans des vaccins ? Quel but néfaste se cache derrière tout ça ? Certes, on ne voit pas très bien ce que les gouvernements auraient à gagner à plus d’autisme. Certes, l’étude a depuis été rétractée par le journal, et Andrew Wakefield a été rayé de l’ordre des médecins pour fraude. Certes, il a depuis été montré qu’il avait des intérêts financiers dans des médicaments pour traiter cette fameuse inflammation des intestins (que personne d’autre n’a jamais observé). Certes, les vaccins ont virtuellement éradiqués certaines maladies mortelles. Certes, on recense une une résurgence de ces mêmes maladies depuis que le mouvement anti-vaccination fait des adeptes, dans les zones où l’immunité grégaire s’en trouve réduite. Mais peut-on vraiment faire confiance à ces firmes pharmaceutiques ?

Après tout, ces firmes pharmaceutiques n’ont pas vraiment la réputation ne n’avoir que le bien de la population en tête. Ce sont des sociétés privées à but lucratif. N’est-ce pas suffisant pour volontairement nuire à l’ensemble de la population mondiale ? La popularité des médecines alternatives aussi efficaces que les placebos semble montrer que, en tout cas, nombreux sont les convaincus.

Ils viennent pour nos armes

Parfois, malgré les chemtrails et le fluor, malgré tous “leurs” efforts pour rendre le peuple docile, ce dernier gronde et proteste. Il reste alors une solution draconienne pour s’assurer que chacun reste à sa place : une opération “sous fausse bannière” pour justifier le déploiement massif de forces policières ou militaires. Le cas le plus célèbre est sans doute celui des attentats du 11 septembre 2001. Les tueries dans les écoles américaines sont régulièrement citées. En Belgique, la tuerie du musée juif a directement été examinée à la lueur du complot. Et, bien entendu, il n’a fallut que quelques heures après le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo pour que Laurent Louis et d’autres apportent leur interprétation (avant d’en profiter pour faire la promotion de son livre, évidemment).

casques-bleusBientôt dans nos rues ? (Photo : ONU via Journal du Tchad)

Un peu de recul

Après ce petit tour d’horizon d’une petite portion de la vaste galaxie des théories conspirationnistes, il est temps de prendre un peu recul. Comment peut-on affirmer avec certitudes que ces théories ne sont que le fruit d’une imagination débordante et, souvent, mal intentionnée ? Après tout, l’existence d’actions gouvernementales secrètes et d’une moralité douteuses n’est pas exactement une nouvelle. Nous verrons cela dans le troisième et dernier volet de cette série (palpitante) : “Le Retour du Pognon”.

C’est un complot (ou pas) ! Partie 1 : Un Nouvel Ordre Mondial

Je pensais à la base faire un petit article sur les théories du complot. Je me suis quelque peu embourbé dans le sujet, et le mur de texte a commencé a s’allonger. Je l’ai donc divisé en trois parties. Cet article sera bientôt suivi dans la partie 2 : “La Logique Contre-Attaque” et la partie 3 : “Le Retour du Pognon”. Si ça c’est pas du suspens, je ne sais pas ce qu’il faut faire !

Il y a bien longtemps, dans un pays pas nécessairement lointain, un jeune homme monte sur une petite colline. Les yeux portés vers l’horizon, il embrasse du regard la nature sauvage. Soudain, un bruit le fait sursauter. Un grondement sourd, faible et distant d’abord, se rapproche et grandit. Le sol vibre autour de lui. Son regard quitte les pittoresques lignes à haute tension et monte vers le ciel, où une traînée blanche coupe l’azur comme une griffe de chat coupe la main qui s’en approche. Au bout de cette traînée : un avion.

Le jeune homme hausse les épaules et continue son chemin. Il n’a pas encore entendu parler du grand complot qui se trame en ce moment au-dessus de sa tête. Il n’est pas encore prêt. Il lui manque un mentor, un guide pour comprendre ce pouvoir obscur. Un guide qui va l’entraîner dans le monde bizarre, parfois loufoque et souvent déprimant, des théories du complot.

L’introduction se passe en douceur. Au début, les discours portent sur des choses génériques, impossible à prouver. On commence par des choses raisonnables, auxquelles il croit déjà. Les politiciens sont pourris, accros au pouvoir. Les multi-nationales s’enrichissent sur le dos des travailleurs. Puis on avance. On lui “cache des choses”, les “élites” se voient en secret. Elles travaillent activement, ensemble, à garder “le peuple” sous son joug.

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Toute société secrète a besoin d’un logo qui claque. (image : Wikipédia)

Et quand “les autres” se moquent, quand son mentor est attaqué, il ne se laisse pas faire. Ils ont peur de la vérité, c’est tout ! Alors il fait bloc avec le groupe, et ensemble ils se serrent les coudes. Cet un instinct grégaire, profondément ancré dans l’esprit humain. Une fois qu’on a choisi son camp, on est prêt à beaucoup de choses pour ne plus le quitter. C’est un instinct qui a des conséquences positives : il suffit de voir tous les actes désintéressés, dès qu’une communauté est touchée par une catastrophe. On ressert mes rangs, et on ressort de l’épreuve plus soudés que jamais ! Mais aussi des conséquences négatives : on se retrouve vite embrigadé dans des guerres de tranchée, pour défendre “son” parti politique, “sa” marque de smartphone ou de voiture, “son” équipe de foot.

Maintenant qu’il a rejoint l’équipe, il peut avancer. Pas à pas, la vérité se dévoile. La vérité sur le Nouvel Ordre Mondial.

Le spectre des théories du complot est vaste. Wikipédia en a toute une liste (lien anglais), mais des études ont montré que, lorsqu’on croyait à une théorie du complot, on avait tendance à plus facilement croire en toutes les autres. C’est normal : une fois qu’on a identifié “l’équipe adverse”, on se doit de la combattre partout. (Digression: il y a des listes de tout sur Wikipédia. Y compris une liste des listes de listes. Sûrement un complot pour masquer la vérité…)

Le thème général que l’on retrouve derrière toutes ces théories est celui du Nouvel Ordre Mondial : un regroupement secret des élites mondiales, un complot pour réorganiser l’ensemble du monde sous un seul gouvernement. Qui sont ces élites dépend généralement de quels sont les préjugés du conspirationniste. Les suspects les plus courants : le Groupe Bildeberg, l’ONU (pas très doué dans l’aspect “secret” ni dans l’aspect “obtenir quoi que ce soit”, mais qu’on retrouve souvent chez les américains qui craignent cette organisation mondiale qui les pousse à l’écologie ou au contrôle des armes à feu), les Illuminatis, et bien souvent, l’ennemi numéro un : les Juifs. Des documents comme le Protocole des Sages de Sion continuent à être utilisés pour “prouver” le complot juif, alors même que l’on sait depuis longtemps qu’il s’agit d’un faux, écrit par un auteur antisémite, dans un but de propagande antisémite, dans un contexte historique antisémite. Ce n’est donc pas une grande surprise si les mouvements d’extrême-droite se retrouvent facilement embarqués dans l’aventure…

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La fin du monde est pour… 2011 ? (full-stop.net)

Le problème est qu’il est difficile de prouver qu’il n’y a pas de Nouvel Ordre Mondial en gestation. Tant qu’on ne parle du complot qu’en terme génériques, on ne donne pas vraiment de prises à agripper pour remettre une certaine rationalité dans le débat. Dès qu’on arrive dans les moyens spécifiques mis en oeuvre par “eux” pour “nous” contrôler, les inconsistances deviennent plus apparentes. Mais il est déjà souvent trop tard : on a rejoint l’équipe, et aucun argument rationnel ne pourra changer les choses. C’est le même procédé par lequel les sectes apocalyptiques arrivent à conserver des membres même après que leurs prédictions les plus précises (“la fin du monde est pour le 21 mai 2011”) se soient révélées fausses, sans contestation possible. Harold Camping a prédit la fin du monde en 1988, 1994, le 21 mai 2011 et le 21 octobre 2011, et a continué à convaincre bon nombre de personnes à chaque fois. Ce n’est pas le seul.

Le Nouvel Ordre Mondial… Pourquoi ? Quel est leur but ultime (dominer le monde, c’est cool, mais… que veulent-ils en faire ?) Pourquoi ne suis-je pas invité à leurs réunions secrètes ? (si j’amène de la quiche, je peux contrôler un petit pays après ?) Autant de questions auxquelles les conspirationnistes ne cherchent généralement pas à trouver de réponses. L’important, c’est que “ils” cherchent à nous réduire au silence, à masquer la vérité. Mais une fois qu’on est sur nos gardes, ils ne peuvent plus nous tromper.

Quelles armes utilisent-ils pour contrôler la population ? A part les juifs, qui d’autre devons-nous craindre ? Vous le saurez dans l’épisode suivant… “La Logique Contre-Attaque !”

Bref, j’ai manifesté

En bon pantouflard, j’ai toujours préféré suivre les manifestations, politiques ou autres, depuis le confort de mon canapé. Contre l’austérité, contre la guerre en Irak… J’ai parfois offert (gracieusement) mon soutien moral avant de faire le grand effort de rester chez moi. Je n’aime pas la foule, et je n’aime pas le risque de débordements qui accompagne bien trop souvent les manifs.

Je me suis donc surpris moi-même aujourd’hui lorsque j’ai laissé de côté une journée initialement consacrée à ne rien faire à la maison pour me rendre à la gare du Nord et rejoindre les 20.000 participants de la marche citoyenne. Il semblerait que je ne suis pas le seul à avoir mis de côté mes habitudes : Le Monde annonce “la plus grande manifestation jamais recensée en France”. On en est loin en Belgique, mais il est clair que partout en Europe la mobilisation a été forte.

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Source

Une grande manifestation, et une manifestation sans incident. Ce n’était pas un rendez-vous de casseurs ou d’extrémistes à la recherche d’une baston avec les forces de l’ordre. C’était, en tous points, un rassemblement citoyen posé et exemplaire.

Pourtant, tout au long de la manifestation, je me posais la question : pourquoi ? Pourquoi est-ce aujourd’hui que je ressens le besoin de participer ? Ce n’est certainement pas par attachement particulier à Charlie Hebdo ou à ses dessinateurs : je n’ai jamais acheté le moindre numéro du magazine. Alors pourquoi ?

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Circulation fluide sur les routes de Bruxelles

Sans doute parce que je veux me rassurer sur le fait que manifester est encore possible. Que la réponse à donner à ces évènements tragiques n’est pas la revanche, mais un regain d’expression. Que l’on peut avoir tous des points de vue différents sur les évènements, que l’on peut se revendiquer du “Je suis Charlie” ou du “Je ne suis pas Charlie”, mais que l’on peut le faire dans le calme et dans le respect des autres.

Je ne suis ni “Charlie”, ni “pas Charlie”. Je ne cautionne ni ne condamne leurs publications. Mais je veux qu’ils puissent les publier, et que d’autres puissent s’en offusquer, et que tous puissent le faire sans craindre pour leur vie.

Pour ça, je suis prêt à sortir de chez moi. Bref, j’ai manifesté…

Peut-être faut-il écrire

“Ils l’ont cherché.” “C’était prévisible.” Ou dans sa version plus subtile (ou plus perverse) : “il se passe bien pire ailleurs.”

Le débat sur les limites à poser à la liberté d’expression, et sur les conséquences d’une transgression de ces limites, est certainement utile et intéressant : peut-on rire de tout ? Peut on publier quelque chose quand on sait que des millions de gens vont s’en offusquer ? Où doivent se placer les limites légales ? Morales ?

Mais ce débat n’est pas pour aujourd’hui. Il a été mis de côté par la violence et par les armes. Chaque fois qu’on pose la question “Ne l’ont-ils pas un peu cherché ?”, on rentre dans le jeu des assassins.

Ce ne sont pas des militants islamistes qui ont tués les journalistes de Charlie Hebdo. Ce ne sont pas des terroristes. Ils n’ont pas vengés le Prophète. Ils n’ont pas “tués Charlie”. C’est leur donner trop d’importance : ce ne sont des meurtriers. Ils ont commis des crimes, et sont morts avant d’avoir pu être jugés. Certains s’en réjouiront, mais il n’y a pas de quoi : leur mort est pour eux une victoire, elle leur donne un statut de martyr. Se faire tuer. Voir la France en état d’urgence. Des policiers déployés dans toutes les rues. L’état sécuritaire. Tout cela ne fait que servir leur but : semer la haine et la terreur.

Je n’ai pas grand chose à dire de plus que des gens n’ont déjà mieux dit sur le sujet. Pour exprimer la colère, la tristesse, la révolte face à un acte barbare inexcusable. Je n’ai pas grand chose à dire, mais je crois que c’est important de le dire.

Parce que la liberté d’expression n’est pas suffisante quand le moyen privilégié par lequel les gens, surtout les jeunes, reçoivent leur information, Internet, est dominé par les voix des extrêmes.

Parce que lorsqu’on se veut être un citoyen responsable, ce n’est plus la liberté d’expression : c’est le devoir d’expression. Chacun à sa manière. Par un dessin, par un statut Facebook, par quelques mots plus ou moins adroits.

On peut ne pas aimer une publication. On peut la trouver de mauvais goût. Scandaleuse. Inutilement provocatrice. Estimer qu’elle jette de l’huile sur le feu. On peut même désirer qu’elle arrête de publier, et agir en ce sens. La liberté d’expression défend aussi cela, à condition que cela se passe dans le cadre démocratique. On peut lui faire un procès, pour diffamation, pour incitation à la haine, pour ce qu’on veut. La Justice est là, aussi, pour décider des limites imposées à la liberté d’expression de chacun. On peut appeler au boycott, tenter d’inciter les entreprises à ne pas y mettre de publicités pour en couper les revenus. On peut envoyer des courriers rageurs aux rédactions. On peut manifester.

On ne peut pas décider de quitter le cadre démocratique, de quitter le cadre de la civilisation, de se faire justice soi-même. Lorsqu’on prend les armes et que l’on tue de sang-froid, il n’y a plus de débat, plus de dispute d’idées, plus de raisonnement.

Je crois en l’enrichissement par la diversité. Que des idées opposées qui s’affrontent vont en s’entrechoquant provoquer des étincelles, des nouvelles idées, qui peut-être trouveront de quoi alimenter leurs flammes.

Lorsque des extrémistes se revendiquant de Mahomet tuent des journalistes satiriques, ils étouffent cette diversité. Lorsque d’autres extrémistes brûlent des mosquées, ils l’étouffent aussi. Au final, le seul résultat est un appauvrissement pour tous.

Alors que peut-on faire, en tant que citoyen responsable ? Peut-être faut-il écrire, faire usage de son devoir d’expression, et répéter, tant qu’on le peut, qu’on ne se laissera pas entraîner dans les amalgames et les raccourcis faciles. Que dans une situation comme celle-ci, l’important est avant tout de noter tous les gens qui se mobilisent, d’un geste ou d’une parole, pour annoncer à tous ceux qui veulent les réduire au silence : ça ne marchera pas.