Pour une fois, au lieu de dire du mal du Soir, je vais dire du mal de RTL, et son reportage du 20 août : “D’où viennent les réfugiés et que coûtent-ils à la Belgique? Le point en direct”
En particulier, je voudrais m’arrêter sur cette magnifique image :
Le reportage vient juste après un “témoignage de migrants”, dans lequel on laisse brièvement la parole à deux réfugiés Syriens, avant d’enchaîner sur : “Voyons maintenant concrètement en chiffre qui sont ses migrants”. Quels chiffres va-t-on nous montrer ? Ceux qui ceux qui montrent que le flux de migrants touche principalement les pays limitrophes des zones de combat, et que notre contribution à l’effort humanitaire est actuellement relativement dérisoire ? Qu’on trouve en tête des pays qui reçoivent cet afflux migratoire le Pakistan, le Liban, l’Iran et la Turquie ?
Non, bien sûr. Ce qu’on voit, c’est le fameux “assaut de migrants”. La Syrie, l’Iraq, l’Iran et l’Afghanistan envahissent la pauvre petite Belgique qui n’a rien demandé à personne. Ces connaissent des “difficultés soit avec le terrorisme, soit avec les populations”, nous explique Frédéric Delfosse, qui mérite là le prix de l’euphémisme. Plus de 220.000 morts en Syrie depuis 2011, c’est vrai que c’est une “difficulté”. Voir sa famille massacrée, son village détruit, sa ville bombardée, c’est vrai, ce n’est pas toujours facile, les pauvre.
Évidemment c’est difficile pour nous aussi. On est obligé de les prendre en charge. Pauvre de nous. Et ça nous coûte 35 euros par jour et par réfugié ! C’est “deux fois moins qu’aux Pays-Bas”, nous précise-t-on. “Notre pays ne s’en sort pas trop mal.” C’est vrai, ce serait quand même une catastrophe si on dépensait plus. On s’en sort pas trop mal : ils n’auront vraiment que le minimum nécessaire à la survie.
Merci donc, RTL, de montrer les faits de façon totalement impartiale. De ne pas transformer un conflit dramatique qui ravage toute une région du monde en un problème logistique pour la Belgique. De ne pas réduire les vies chamboulées des dizaines de milliers de personnes qui arrivent finalement à notre porte au terme d’un périple pour nous inimaginable à quelques chiffres sortis de leurs contextes.
Ces trente-cinq euros par jour ne sont pas un coût, mais un investissement. Nous devons investir dans un monde ouvert, où les personnes, les idées et les biens peuvent circuler librement. Une Europe refermée sur elle-même n’a pas d’avenir.