En bon pantouflard, j’ai toujours préféré suivre les manifestations, politiques ou autres, depuis le confort de mon canapé. Contre l’austérité, contre la guerre en Irak… J’ai parfois offert (gracieusement) mon soutien moral avant de faire le grand effort de rester chez moi. Je n’aime pas la foule, et je n’aime pas le risque de débordements qui accompagne bien trop souvent les manifs.
Je me suis donc surpris moi-même aujourd’hui lorsque j’ai laissé de côté une journée initialement consacrée à ne rien faire à la maison pour me rendre à la gare du Nord et rejoindre les 20.000 participants de la marche citoyenne. Il semblerait que je ne suis pas le seul à avoir mis de côté mes habitudes : Le Monde annonce “la plus grande manifestation jamais recensée en France”. On en est loin en Belgique, mais il est clair que partout en Europe la mobilisation a été forte.
Une grande manifestation, et une manifestation sans incident. Ce n’était pas un rendez-vous de casseurs ou d’extrémistes à la recherche d’une baston avec les forces de l’ordre. C’était, en tous points, un rassemblement citoyen posé et exemplaire.
Pourtant, tout au long de la manifestation, je me posais la question : pourquoi ? Pourquoi est-ce aujourd’hui que je ressens le besoin de participer ? Ce n’est certainement pas par attachement particulier à Charlie Hebdo ou à ses dessinateurs : je n’ai jamais acheté le moindre numéro du magazine. Alors pourquoi ?
Sans doute parce que je veux me rassurer sur le fait que manifester est encore possible. Que la réponse à donner à ces évènements tragiques n’est pas la revanche, mais un regain d’expression. Que l’on peut avoir tous des points de vue différents sur les évènements, que l’on peut se revendiquer du “Je suis Charlie” ou du “Je ne suis pas Charlie”, mais que l’on peut le faire dans le calme et dans le respect des autres.
Je ne suis ni “Charlie”, ni “pas Charlie”. Je ne cautionne ni ne condamne leurs publications. Mais je veux qu’ils puissent les publier, et que d’autres puissent s’en offusquer, et que tous puissent le faire sans craindre pour leur vie.
Pour ça, je suis prêt à sortir de chez moi. Bref, j’ai manifesté…