“L’UMP n’appellera à voter ni pour le Front National, avec lequel nous n’avons rien de commun, ni pour les candidats de gauche, dont nous combattons la politique”. Nicolas Sarkozy reprend les devant de la scène pour réaffirmer la destruction complète du Front Républicain.
Il confirme ainsi le seul gagnant des départementales françaises : le Front National. Oui, le FN n’a pas fait “le score attendu”. Ils ne sont pas le premier parti de France. Le fait même que ce soit une cause de réjouissance, qu’on puisse prendre comme une “bonne nouvelle” un score de 25% de l’extrême-droite, montre que le pari de Marine Le Pen est réussit. En 2002 les 17% de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle, qui le propulsaient au second tour, étaient un “séisme politique”. Les français sortaient dans les rues pour affirmer au monde entier que non, ils n’étaient pas tous comme ça, qu’ils avaient honte de ce score. Treize ans plus tard, on est soulagé lorsque le FN n’arrive pas en tête. La présence de Le Pen au second tour à la prochain présidentielle est discutée comme d’un fait acquis.
Quand à sa victoire, ce n’est plus une impossibilité. Si le second tour est entre le PS et le FN, si l’UMP continue à légitimer ce dernier en refusant d’appeler à voter contre… Ce sont des grands “si”, mais pas des “si” impossibles. Pour l’instant, le PS est le favori pour se retrouver dans le rôle du parti déchu, et il appellera sans doute à voter Sarko (tout en grinçant des dents). Et le “ni-ni” des élections locales est plus probablement une lâche stratégie politique plutôt que le reflet de l’opinion des militants (et des élus) de l’UMP. Il y a seulement quelques années, j’aurais trouvé absolument ridicule l’idée que le FN puisse un jour gagner les présidentielles. Je pense toujours que c’est peu probable, mais ce n’est certainement plus une idée ridicule…
Pour la France, une victoire du FN serait désastreuse. Pour l’Europe, ce serait bien pire. Parce que là où Syriza rejette la politique actuelle de l’Union Européenne, en particulier bien sûr la politique économique d’austérité, le Front National rejette en bloc l’entièreté de la proposition européenne. Le Front National ne veut pas d’une union, d’une entraide, d’une ouverture des frontières, de tout ce qui a permis à l’Europe de connaître une paix et une prospérité sans précédent dans son histoire. Car l’histoire Européenne, c’est avant tout une histoire de nationalismes démesurés, une histoire de guerres territoriales et religieuses, une histoire vers laquelle le Front National et les autres partis qui, partout en Europe, portent ces mêmes valeurs, semblent vouloir nous replonger. Le Front National voudrait que l’Union Européenne ne soit qu’une parenthèse de l’histoire, quelques années durant lesquelles les frontières ont été ouvertes, dans laquelle les peuples ont pu se mélanger, se rencontrer, voyager en toute liberté. Apparemment, pour eux, c’est une mauvaise chose.